Des alligators à Rixensart ?

Rassurez-vous, malgré les effets du réchauffement climatique et les allures de bayou en Louisiane qu’ont pris les fonds du bois communal, ce n’est pas pour demain. La faune et la flore remarquables de ce site naturel littéralement mis sous eaux pendant plusieurs semaines pourraient néanmoins connaître des dégâts irréversibles.

En cause, des travaux de terrassement et de rectification des berges de l’étang situé dans le contrebas de la maison communale. Ces travaux, initiés par la commune de Rixensart et réalisés par l’InBW (Intercommunale du Brabant wallon) ont des conséquences regrettables que notre groupe Écolo déplore. Depuis mars 2017 déjà, nous manifestons notre inquiétude à cet égard auprès du Collège.

D’abord, nous constatons que le biotope de ce site est complètement modifié. Des boues de curage versées sans autorisation préalable du Collège Provincial, qui a la tutelle de ces cours d’eau, ont coulé dans le ruisseau Monseigneur et l’ont obstrué, ce qui a provoqué des débordements. La flore, considérée comme remarquable, risque de ne pas résister à cette mise sous eau de plusieurs semaines.

Ensuite, ces eaux sont en partie usées, provenant du déversoir d’orage en amont. En cas de fortes pluies, les égouts débordent et les eaux de pluie se mélangent alors aux eaux usées. Avant les travaux, une épuration naturelle de ces eaux s’effectuait au niveau du petit étang, avant d’être rejetées dans le grand étang. Nous constatons que les eaux stagnent aujourd’hui au milieu du bois. (la photo illustrant l’article montre la situation en janvier) Enfin, ces travaux tels que réalisés seront tout simplement inutiles. Certes, les berges seront propres, mais les boues du curage versées en amont de l’étang vont vraisemblablement retourner d’où elles viennent : dans l’étang. Cherchez la logique.

Dès le début du processus, notre groupe local Écolo a demandé auprès du Collège qu’une concertation avec les experts locaux en environnement soit proactivement engagée. Celle-ci aurait par exemple, permis de recevoir un avis éclairé du PCDN local (Plan Communal de Développement de la Nature) quant à l’incidence de ce chantier. Par ailleurs, à l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune information n’a été communiquée quant au sort de ces boues de curage. Quelles solutions le Collège envisage-t-il donc pour restaurer le site ?

Une commune qui sensibilise les citoyens aux enjeux du développement durable par la tenue d’un Agenda 21, c’est bien et cela mérite d’être souligné. Une commune qui agit en concertation avec les acteurs professionnels de la protection de la nature avant d’entreprendre quelconque chantier lié à l’environnement, c’est encore mieux. Si nos élus ne sont pas vigilants face à l’utilité de la communication, de la concertation et de l’échange avec les acteurs locaux, ce ne sera bien sûr pas le risque de croiser un reptile aux dents longues dans le bois communal qui nous guettera, mais bien celui d’échapper aux vertus de la démocratie participative, au détriment de notre patrimoine écologique.

 

Le groupe Écolo au conseil communal : Eric Bamps, Martine Biemans, Bernard Buntinx, Anne-Marie Lemoine, Herbert Pentenrieder