1. Un état des lieux complet en 2021–2022

En 2021, la commune de Rixensart a adopté son Plan d’Action en faveur de l’Énergie Durable et du Climat (PAEDC) dans le cadre de la Convention des Maires pour le Climat et l’Énergie, une initiative européenne qui engage les communes signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), à accroître leur résilience face au changement climatique et à promouvoir une transition énergétique juste.
Depuis 2012, la Wallonie soutient cette initiative via le programme POLLEC (POLitique Locale Énergie Climat), qui permet aux communes wallonnes de réaliser un état des lieux, d’élaborer un plan d’actions, et de suivre les progrès accomplis. C’est dans ce cadre que Rixensart a mené en 2021 une analyse approfondie de sa situation climatique et énergétique.
Émissions de gaz à effet de serre : une baisse amorcée, mais insuffisante
L’inventaire des émissions de gaz à effet de serre réalisé dans le PAEDC montre qu’entre 2006 et 2018, les émissions territoriales de Rixensart ont diminué de 12 %, passant de 110 842 à 97 938 tonnes de CO₂ équivalent.
Cela représente une première étape, mais elle reflète principalement les mesures les plus accessibles : changements comportementaux simples, amélioration de l’efficacité énergétique dans les nouvelles constructions, optimisation ponctuelle du transport. Les émissions restantes sont plus difficiles à réduire : elles concernent des postes lourds (chauffage, mobilité, bâti ancien), dont la transformation nécessite des investissements importants et une coordination soutenue.
La répartition sectorielle des émissions en 2018 est la suivante :
- Secteur résidentiel : 42 %, soit ±41 000 tCO₂e
- Transport routier : 34 %, soit ±33 000 tCO₂e
- Secteur tertiaire : 17 %, soit ±16 600 tCO₂e
- Autres secteurs (industrie légère, agriculture, déchets…) : 7 %
Un défi majeur : la rénovation énergétique des logements
Le résidentiel est donc le premier poste d’émissions, avec près de la moitié du total communal. Et le potentiel de réduction y est immense, mais complexe à activer.
En effet, 4 900 logements, sur les 10 000 que compte Rixensart, ont un certificat PEB E, F ou G. Ces logements consomment à eux seuls 70 % de l’énergie résidentielle, en raison de leur mauvaise isolation ou de systèmes de chauffage obsolètes.
Pour atteindre les objectifs de réduction, la cible était de rénover en profondeur 3 % des 10.000 logements (300) chaque année entre 2021 et 2030 en commençant par les plus émetteurs. Cela signifie :
- Rénover les 1.800 PEB G entre 2021 et 2026 (6 ans),
- Rénover les 1.300 PEB F entre 2026 et 2030 (4 ans),
- Et poursuivre ensuite avec les 1.800 PEB E.
Ces rénovations profondes devraient inclure l’isolation du toit, des murs, des sols, le remplacement des châssis et du système de chauffage. En atteignant ce taux de 3 %, le potentiel de réduction dans le résidentiel projeté est de 44 %, soit 19 000 tonnes de CO₂ en moins. Ce rythme de rénovation est ambitieux, mais indispensable.
Vulnérabilités climatiques
L’analyse de vulnérabilité a mis en évidence plusieurs risques spécifiques au territoire communal :
- Les inondations, particulièrement dans les zones en fond de vallée ou imperméabilisées,
- Les îlots de chaleur urbains, dans les centres denses peu arborés,
- La sécheresse estivale, qui impacte les espaces verts, la biodiversité, et les jardins privés.
Ces risques imposent de penser l’aménagement du territoire en intégrant la nature en ville, la perméabilité des sols et la désimperméabilisation des voiries et parkings chaque fois que possible.

Une analyse sectorielle structurée
Le PAEDC repose aussi sur une analyse stratégique par secteur, visant à identifier les forces, faiblesses, opportunités et menaces pour chaque domaine :
- Mobilité : forte dépendance à la voiture, peu d’infrastructures cyclables, mais potentiel de transfert modal élevé.
- Aménagement du territoire : urbanisation peu dense, dispersion des logements, mais aussi existence de franges naturelles encore préservées.
- Bâtiments publics : consommation énergétique à maîtriser, potentiel exemplaire.
- Nature et biodiversité : richesse du patrimoine naturel, corridors écologiques à renforcer.
- Énergie renouvelable : potentiel solaire significatif sur les toitures, peu exploité.
Cette grille de lecture a permis de prioriser les actions et de concevoir une feuille de route réaliste, structurée autour de 54 actions à engager.
2. Juin 2025 : un premier bilan, et un cap réaffirmé
En juin 2025, la commune de Rixensart a tiré un premier bilan du PAEDC, trois ans après son adoption. Ce point d’étape visait à mesurer les progrès accomplis, à identifier les blocages, et à préparer la suite des actions climatiques locales.
Ce bilan souligne que si des avancées concrètes ont été réalisées, notamment :
- la réalisation de diagnostics énergétiques,
- le déploiement progressif de véhicules communaux électriques,
- la montée en puissance de certaines initiatives citoyennes,
- ou encore la sensibilisation en milieu scolaire,
De nombreux défis restent entiers : production locale d’énergie renouvelable encore marginale, peu de rénovations profondes engagées, infrastructures de mobilité active toujours insuffisantes…
Surtout, le cadre politique a évolué. En effet, la Convention des Maires a renforcé ses exigences climatiques pour s’aligner sur le Green Deal européen. Ainsi, l’objectif initial de –40 % d’émissions de CO₂ d’ici 2030 est passé à –55 % par rapport à 1990. Cet objectif est désormais celui que doivent viser toutes les communes signataires, dont Rixensart.
Ce relèvement d’ambition intervient dans un contexte budgétaire défavorable : les budgets climat des niveaux régional et fédéral sont actuellement en réduction, les subsides POLLEC sont incertains, voire menacés à court terme. Cela signifie que les communes devront atteindre ces nouveaux objectifs avec moins de soutien financier extérieur, ce qui rend l’effort encore plus complexe, mais d’autant plus crucial.
C’est pourquoi la commune a décidé de s’engager dans la version 2 de son plan climat (PAEDC V2), qui actualisera les objectifs, renforcera les priorités, et intégrera les nouvelles contraintes et opportunités.
3. Ce que nous considérons comme prioritaire
Pour Ecolo Rixensart, la réussite du PAEDC V2 passe par une série de choix clairs et de mesures structurantes, au-delà des bonnes intentions. Voici, selon nous, quelques priorités :
- Mobilité : accélérer la réduction de la part modale de la voiture, en améliorant l’infrastructure cyclable (sécurisation, continuité, signalisation), en soutenant davantage le covoiturage et l’autopartage, et en favorisant un urbanisme qui réduit les besoins de déplacements motorisés.
- Énergie et bâtiments : aider massivement les ménages à rénover en profondeur (via des guichets, des primes, des groupements d’achat), tout en rendant exemplaires les bâtiments publics (électrification du chauffage, performance passive, solaire).

- Planification urbaine : renforcer la lutte contre l’étalement urbain, densifier de manière qualitative dans les zones équipées, protéger les sols vivants et les franges vertes, conditionner tout nouveau projet à un bilan carbone.
- Participation citoyenne : installer une dynamique permanente (non événementielle) de co-construction des solutions, renforcer l’éducation climatique et les projets citoyens concrets (ex : production partagée d’énergie).
Vincent Darmstaedter
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Glossaire:
- POLLEC: POLitique Locale Energie Climat
- PAEDC: Plan d’Actions en faveur de l’Énergie Durable et du Climat
Liens:
- PAEDC Rixensart:
- Convention des Maires
- POLLEC
- La nouvelle Convention des Maires pour le climat et l’énergie
- Tribune des conseillers – Rixensart Info Février 2019 – n°295