La fibre optique arrive à Rixensart
Les trottoirs de Rixensart sont actuellement l’objet d’attaques généralisées. Les tranchées s’ouvrent et se referment, le trafic piéton, cycliste et automobile est perturbé. De proche en proche, tous les quartiers y passent.
Ce sont ces fameux câbles roses qui sont enfouis, des fibres optiques qui équipent déjà plusieurs villes et communes. L’objectif est de couvrir 70% des ménages et entreprises d’ici à 2028. L’investissement est à la hauteur de l’ambition : on parle de 5 milliards d’euros en 10 ans, financés par un consortium sous la houlette de Proximus et, en Wallonie, mis en œuvre par sa filiale Unifiber. Ce financement sera complété par de l’argent public, fédéral et régional. D’autres opérateurs s’y mettent aussi, ce qui laisse présager quelques doublons. On a déjà vu plus efficace… En matière de réseau, la privatisation et la concurrence ne sont vraiment pas la panacée.
Est-on obligés ?
Oui, en quelque sorte. Notre réseau de communication câblé actuel répond aux standards européens pour 97% des foyers et aux besoins de la majorité de la population. D’ici 2030 les standards européens seront toutefois 10 fois plus exigeants, seule la fibre permettra de rencontrer cet objectif. Les réseaux actuels sont maintenus à côté de la fibre mais à terme, ils seront vraisemblablement mis hors d’usage.
On devra alors tous y passer. La digitalisation de l’économie est devenue le mantra des décideurs à tous niveaux, privés comme publics, de l’européen au national et au régional. Faciliter et multiplier le télétravail, les vidéo-conférences, l’enseignement à distance, la vente et les jeux en ligne, la digitalisation des services publics, etc., sont des exemples de l’inéluctable évolution de nos sociétés vers le tout au numérique.
Inéluctable ?
Peu de remise en cause du côté politique en tout cas. Au contraire, les nouveaux gouvernements, tant fédéraux que régionaux, semblent vouloir s’y lancer à marche forcée. Dans la société en général, des voix s’élèvent cependant pour s’inquiéter du devenir de notre vie sociale digitalisée… Pour questionner aussi l’impact environnemental et la ponction du numérique sur les ressources énergétiques. La consommation énergétique des « data centers » atteindra sous peu 10% de la consommation mondiale !
S’ajoute aussi un sérieux manque de transparence sur les coûts futurs d’investissement et d’utilisation. La notion de service public et d’égalité de traitement de tous les usagers s’est déjà largement estompée dans le secteur des télécom. Est-il utopique d’espérer leur retour à l’occasion du déploiement de la fibre ? On ose à peine l’espérer alors qu’il serait plus justifié que jamais, les enjeux liés à la fracture numérique et à son impact sur la cohésion sociale augmentant à mesure que s’accélère la vitesse de transmission de la fibre…
Bref, autant de questions fondamentales dont nous avons tous intérêt à nous saisir ! Comme quoi, les tranchées dans nos trottoirs peuvent nous conduire très loin…
Philippe Lauwers
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