Et le changement climatique dans tout ça ?
La révision du Plan Climat
Alors que les urgences géopolitiques et économiques dominent l’attention, la crise climatique, pourtant bien réelle, semble reléguée à l’arrière-plan. Cependant, ses effets se multiplient : canicules, inondations, sécheresses, perte de biodiversité… Ces bouleversements touchent nos territoires et nos vies quotidiennes. Ce printemps a été marqué par une importante sécheresse. A Rixensart, les îlots de chaleur présentent un risque de santé pour les personnes vulnérables et les risques d’inondations augmentent, induits par la densité urbaine.
Pourtant, l’accord du gouvernement, tant au niveau fédéral que wallon, manque cruellement d’ambition climatique et fait l’impasse sur les actions concrètes à la hauteur des enjeux.
Face à cette inertie, les villes et communes se doivent d’être des actrices indispensables de la transition.
Depuis 2019 Rixensart a déjà pris des engagements importants en signant la Convention des Maires pour le Climat et l’Énergie, visant à réduire d’au moins 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 2006. Entre 2006 et 2021, les émissions sur notre territoire ont baissé de 20 %, dont 12 % déjà atteints en 2018. Encourageant, mais encore insuffisant. Pour atteindre l’objectif, nous devons encore réduire nos émissions locales de 35 % d’ici 2030. La réduction n’est pas linéaire, ce sont les derniers pourcents les plus compliqués à atteindre.
ECOLO reconnaît des avancées réalisées dans la bonne direction, notamment sur l’accélération de la rénovation du bâti, et reconnaît des éléments positifs dans la Déclaration de Politique Communale de la majorité, en particulier la priorité affirmée à la mise en œuvre du Plan Climat.
Notre groupe ECOLO demande au Collège une montée en puissance de sa politique climatique et d’intégrer les dimensions suivantes dans la révision du Plan Climat :
- Des projets publics exemplaires
Le climat ne peut plus être relégué à un chapitre isolé des politiques publiques. Il doit devenir une priorité transversale, présente dans chaque compétence, dans chaque décision. Chaque échevin·e du Collège communal doit s’en emparer. Rénovation d’un bâtiment, aménagement d’un espace public, développement d’une infrastructure : chaque projet doit démontrer sa compatibilité avec nos engagements climatiques.
Nous demandons que le climat devienne un critère d’éligibilité incontournable pour tout projet communal. Cela implique une analyse systématique de l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre, l’imperméabilisation des sols et la préservation ou la dégradation de la biodiversité. Finie la logique du « on compensera plus tard ». Il faut anticiper, mesurer et prioriser les choix qui réduisent notre empreinte.
Malheureusement, ce qui devrait être un « bon réflexe » reste encore trop souvent absent. Un exemple récent l’illustre bien : dans le cahier des charges pour l’acquisition de 2 camionnettes destinées au Département Infrastructures, seule la motorisation diesel est envisagée. En Conseil communal, nous avons regretté cette approche, qui ne tient compte d’aucun critère de durabilité et plus concrètement n’envisage pas d’alternative moins polluante (moteur électrique), alors même que le Plan Climat communal prévoit explicitement l’inclusion de tels critères dans les marchés publics.
- Investir dans les services rendus par la nature, solutions à portée de main :
Rixensart a déjà engagé plusieurs démarches positives en matière de solutions fondées sur la nature : protection de zones humides, création de potagers collectifs, de vergers urbains, de prairies fleuries… Ces initiatives vont dans la bonne direction et témoignent d’une prise de conscience de l’importance du vivant dans nos politiques locales.
Mais face à l’ampleur des défis climatiques, il est nécessaire de changer d’échelle et d’intensifier ces actions, en les intégrant pleinement dans une stratégie cohérente d’adaptation et d’atténuation (actions visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre).
Nous appelons le Collège à renforcer et généraliser ces solutions naturelles, accessibles, efficaces et peu coûteuses, qui contribuent à lutter contre le dérèglement climatique, à en atténuer les impacts, tout en créant du lien social, en soutenant la santé publique et en embellissant notre commune.
Concrètement, cela implique :
- Végétaliser massivement l’espace public, les cours des écoles, les parkings et les toitures des bâtiments publics pour lutter contre les îlots de chaleur ;
- Étendre la désimperméabilisation des sols, en remplaçant le béton par des revêtements perméables ou en recréant des zones de pleine terre ;
- Préserver strictement les espaces verts existants en cessant leur artificialisation ;
- Planter davantage de haies et d’arbres indigènes, véritables puits de carbone et refuges pour la biodiversité ;
- Poursuivre et intensifier le soutien aux potagers collectifs, vergers urbains et prairies fleuries existants, tout en facilitant leur développement dans d’autres quartiers.
- Repenser notre organisation du territoire et notre mobilité :
Le secteur des transports représente une part considérable des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle communale. Or, contrairement à d’autres secteurs, ces émissions continuent d’augmenter. Ce constat impose une remise en question urgente de notre manière de nous déplacer, mais aussi de la manière dont notre territoire est organisé, car les deux sont étroitement liés.
Il est impératif d’adopter une vision cohérente et à long terme qui permette d’encourager les mobilités actives et de rendre les alternatives à la voiture individuelle réellement accessibles et attractives, en particulier pour les trajets du quotidien.
Penser la mobilité comme un levier d’inclusion et de justice sociale : améliorer la mobilité, c’est aussi garantir l’accès à la commune pour toutes et tous, en particulier les personnes âgées, les jeunes, les personnes à mobilité réduite ou en situation de précarité. Une « commune pour grandir », pensée à hauteur d’enfant, thématique centrale de notre programme électoral d’Ecolo Rixensart, est en effet une commune agréable à vivre pour toutes les générations, inclusive pour tou·tes ses habitant·es :
- Organiser le territoire autour de la proximité : en renforçant les services, les commerces, les écoles et les lieux de vie dans chaque quartier, on permet aux habitant·es de répondre à leurs besoins essentiels sans devoir systématiquement se déplacer en voiture. Cela implique une politique d’aménagement du territoire orientée vers le « vivre local », favorisant la mixité des fonctions (logement, travail, services, loisirs) et limitant l’étalement urbain ;
- Favoriser un report modal ambitieux : cela signifie investir de manière volontariste dans les infrastructures cyclables, dans la marche (trottoirs continus, traversées piétonnes, cheminements ombragés), et dans les connexions avec les transports publics (fréquences, accessibilité, intermodalité). Il faut aussi créer des itinéraires directs et sûrs entre les pôles de vie, notamment vers les gares et les écoles ;
- Poursuivre et renforcer le covoiturage et les solutions partagées : en soutenant des plateformes locales, en réservant des emplacements dédiés au covoiturage ou à l’autopartage.
Repenser notre mobilité, ce n’est pas « empêcher de se déplacer », c’est offrir de véritables choix : plus sûrs, plus agréables, plus économiques, et plus respectueux de l’environnement.
Il ne peut y avoir de transition écologique sans justice sociale ni démocratie renforcée. Il est temps d’impliquer les rixensartois.es, les associations, les jeunes, les commerçant·es, les écoles, bref, toutes celles et ceux qui font vivre Rixensart au quotidien. Ensemble, nous pouvons faire émerger des solutions ancrées dans la réalité du territoire et portées collectivement.
A la veille de la révision du Plan Climat, notre groupe ECOLO appelle la majorité à remettre le climat à l’avant-plan des préoccupations. Rixensart dispose de leviers et de moyens à actionner sans délai, avec cohérence et ambition !
Le climat est un défi global, mais la réponse commence ici, chez nous, à Rixensart.
Votre groupe des conseillers communaux Ecolo : Vincent Darmstaedter, Céline Bernard, Jean-Baptiste Meert, Morgane Verhoeven