Ne serait-il pas temps de reconquérir nos rues ?
Rixensart est-elle une commune vivante? Quels sont les lieux de sociabilité dans la commune? Dans quels espaces publics les enfants peuvent-ils jouer en sécurité? Et les personnes âgées se rencontrer ?
La rue a toujours été un indice majeur de la qualité de vie d’une commune, sans qu’on en soit forcément conscient.
Mais depuis 1950, l’environnement urbain s’est essentiellement construit pour et autour de la voiture, qui s’est accaparé la quasi-totalité de l’espace public et tend à apparaître comme une sorte de «normalité», jusqu’à nous faire oublier qu’elle n’est qu’un outil de mobilité parmi beaucoup d’autres.
Nous avons donc abandonné nos rues à la voiture au point d’en faire des routes qui ne sont plus que des tuyaux destinés à faire circuler des voitures.
Regardez autour de vous… Il n’existe pratiquement aucun endroit où vous n’avez pas de voiture dans votre champ de vision. Regardez encore… Il n’existe pas beaucoup d’endroits où vous aurez des gens dans votre champ de vision.
Et si nous faisions de notre commune un véritable espace de vie, pour y instaurer plus de convivialité, plus de sécurité, plus de tranquillité? La véritable question à se poser est donc la suivante: voulons-nous une commune pour les gens ou pour les voitures ? Une ville où il fait bon vivre ou un endroit où l’on ne fait que passer?
N’est-ce pas complètement utopique? Quand on aborde le sujet de l’omniprésence des voitures, on entend toujours les mêmes réponses: «on n’a pas le choix,» «c’est comme ça», «il n’y a pas d’alternative », « c’est ma liberté », etc. Ces réponses sont des façons de faire sortir la question du débat public et s’économiser du même coup la possibilité même d’envisager une autre réalité. Pourtant, d’autres réalités sont possibles, tout simplement car il s’agit de questions d’ordre politique.
Fred Kent¹ dit ceci:
«Si vous prévoyez la ville en fonction des voitures et du trafic, vous aurez des voitures et du trafic. Par contre, si vous la prévoyez pour les gens et les lieux de vie, vous aurez des gens et des lieux de vie.»
L’idée générale pour que nos rues redeviennent un véritable espace de vie consiste à transformer les routes conçues pour les voitures en rues adaptées aux gens, à réfléchir en terme de mobilité des personnes, et non de mobilité des seules voitures.
Pour ce faire, il faut inverser la hiérarchie des modes de déplacement afin de favoriser ceux qui ont le moins d’impact négatif sur le reste de la société:
- Marche
- Vélo
- Transports en commun
- Voiture privée
Il ne s’agit donc pas du tout d’interdire la voiture, mais de favoriser la mobilité active, afin de transformer Rixensart en une commune multimodale, bénéfique pour tout le monde, automobilistes inclus.
Les solutions existent, il ne tient qu’à nous de les développer.
Vincent Darmstaedter
¹ Fondateur et président de l’organisation « Project for Public Spaces »